Texte repris en grande partie du « petit livre des couleurs » de Michel Pastoureau, édition Panama / Essai.
LE BLEU calme : la couleur qui ne fait pas de vagues.
Couleur sage, pour ne pas se faire remarquer (exemple du Jeans).
Couleur préférée en Occident, elle est présente sur beaucoup de drapeau.
En Egypte, du temps des pharaons, elle portait bonheur dans l'au-delà.
Couleur du ciel et de la lumière divine, donc associée à Dieu. Elle peut être austère.
Les romantiques l'apprécie car elle est mélancolique, on parle « d'avoir le blues » (blue en anglais = bleu).
Elle fait penser au liquide, au doux, au discret, au raisonnable, à la science... Elle sécurise.
Dans le code de la route, elle donne le droit de faire quelque chose.
LE ROUGE excite : c'est le feu et le sang, l'amour et l'enfer
Couleur qui veut se faire voir, en impose aux autres. En espagnol, colorado signifie à la fois « rouge » et « coloré ».
En russe, krasnoï veut dire « rouge » mais aussi « beau ».
Elle est fascinante comme les flammes mais aussi parle de violence, de colère, de crime...
Elle est double : tantôt on l'associe à la faute, au danger et à l'interdit, tantôt à la puissance, à la vie et à l'amour.
Au Moyen Âge le bleu était féminin, à cause de la Vierge, et le rouge masculin, signe du pouvoir et de la guerre. Puis
les choses vont s'inverser, le bleu devient masculin (car plus discret) et le rouge féminin. La robe de mariée sera
rouge jusqu'au XIXème siècle parce que l'on considérait que c'était la plus belle couleur.
C'est aussi la couleur de la Révolution, de la fête, de Noël, du luxe, du spectacle (rideau rouge), de la passion... Ce
n'est pas un couleur qui fait sérieux
LE BLANC : il dit la pureté et l'innocence, la lumière divine.
Mais aussi est associé à l'absence, au manque : une page blanche (sans rien), une voix blanche (sans timbre), une
nuit blanche (sans sommeil), une balle à blanc (sans poudre), un chéque ne blanc (sans provision)... Ou encore :
« J'ai un blanc ! »
On pense aussi au vierge, au propre, à la neige qui n'est pas salie, à la sérénité et à la paix (le drapeau blanc). La
robe blanche de mariée indiquait que la jeune fille était vierge.
Cela peut être aussi le froid (réfrigérateur, glacier), le commencement (l'origine du monde), la vieillesse et la sagesse,
l'indécision ( les fantômes et l'au-delà).
En Asie et dans une partie de l'Afrique, le blanc est la couleur du deuil.
LE VERT : celui qui cache bien son jeu.
Couleur qui évoque la nature et la propreté, l'écologie, le bon air de la campagne, le bio...
C'est une couleur plutôt paisible, des jours ordinaires. Elle autorise (feu vert).
Mais attention elle est aussi l'instabilité, elle représente tout ce qui change, bouge, varie. On dit des jeunes amoureux
qu'ils sont encore verts car ils peuvent changer. Elle est la couleur du désordre et de la liberté.
C'est la couleur du hasard, du sort, de la chance et malchance (dans la couture elle porte malheur), du jeu (tapis vert,
terrain de sport, tennis, ping-pong), du billet vert (dollars) et aussi de la maladie, de la colère froide.
LE JAUNE : n'a pas très bonne réputation en Occident.
L'étoile donnée par les Nazis aux Juifs était jaune, la maison des faux-monnayeurs aussi, celui qui trahit est dit « un
jaune », un rire jaune n'est pas franc.
En Asie, par contre elle fut longtemps réservée à l'empereur. Elle symbolise le pouvoir, la richesse et la sagesse.
Au Moyen Âge, en Europe, elle s'oppose à l'or qui brille qui est lié au soleil, à la lumière, à la chaleur, à la vie,
l'énergie, la joie, la puissance... Le jaune est une couleur éteinte, mate, triste en comparaison, elle rappelle l'automne,
le déclin, la maladie (jaunisse) et a été transformé en symbole de la trahison, du mensonge, de l'exclusion.
C'est la couleur préférée de Van Gogh, peintre qui se sentait maudit.
L'invention de l'électricité a permis de lui donner un meilleur rôle; le maillot jaune. C'est parfois un demi-rouge ; le
carton jaune ou les voitures de la Poste qui doivent être vues mais pas autant que celles des pompiers.
Les enfants utilisent beaucoup le jaune pour le soleil et les fenêtres éclairées mais en grandissant cela change.
LE NOIR inquiète : du deuil à l'élégance
Couleur du désespoir et de la mort, des peurs et ténèbres, du monde souterrain, elle est aussi associée à l'austérité,
l'humilité et l'autorité (juges, arbitres). Elle habille aussi les gens chics. Elle a deux aspects : brilliant ou mat, et le mat
évoque la mort et l'enfer.Les films « noirs » sont des films inquiétants, forts et mystérieux.
Le couple, noir et blanc, s'oppose à la couleur, il fait plus sérieux, comme si la couleur gênait le regard pour bien voir
les formes. La couleur serait subversive, futile et sensuelle et populaire.
LE VIOLET est un demi-noir, un demi-deuil. Dans le langage des fleurs, la violette signifie « amour caché »
L'ORANGE : le rival du jaune, symbolise la joie, la vitalité, la vitamine C, tonus, santé. L'énergie du soleil est mieux
représentée par le jus d'orange que par le jus de citron (acide). Le train Corail balaie la grisaille des chemins de fer.
LE ROSE : Tendresse et féminité, douceur pour ses aspects positifs, mais aussi mièvrerie « à l'eau de rose »,
homosexulalité pour les Nazis.
LE MARRON : C'était la couleur la moins aimée. Elle évoquait la saleté, la pauvreté, la brutalité. Actuellement, on lui
associe aussi la simplicité, le naturel, le retour au choses brutes et saines (le bois).
LE GRIS : tristesse, mélancolie, ennui, vieillesse mais à une époque où la vieillesse n'était pas dévalorisée, il
renvoyait au contraire à la sagesse, la plénitude, la connaissance. On a gardé l'idée d'intelligence « la matière grise ».
Cette couleur contient le plus grand nombre de nuances.