La symbologie, parfois appelée « symbolique » ou même « symbolistique », désigne une théorie des symboles ou la "science" des symboles, symboles en général ou symboles propres à un peuple, une culture, à une religion, à une époque, etc.
Symbologie : connaissance des symboles, étude et théorie de leur histoire, géographie, sociologie, de leurs formes, types, structures, fonctions.
Distinctions
Il faut distinguer symbolisme, symbolique, symbologie:
Le symbolisme est la capacité d'une chose à désigner, signifier, révéler, peut-être même agir ; par exemple, la couleur rouge, par son lien naturel avec le sang, véhicule un puissant symbolisme, celui de la vie, de la force.
Une symbolique est un ensemble, un système de symboles ; par exemple, le sang a sa symbolique, une vaste constellation de signifiants (la rose rouge, le cœur, etc.) et de signifiés (la vie, le meurtre, le danger, etc.)
La symbologie est la science, la théorie des symboles : elle étudie leur définition, leur histoire, leur typologie, les utilisations possibles, etc.
Catégories de symboles
Toutes les cultures ont produit une symbolique et son domaine d'expression est varié :
- les couleurs
- les figures géométriques (triangle, carré, pyramide, etc.), les formes
- les chiffres, les nombres
- les animaux
- les végétaux : fleurs, arbres, fruits,
- la matière inanimée : métaux (or, argent, mercure, cuivre, fer, étain, plomb...), minéraux (sauf métaux : arsenic, gypse, diamant, soufre, cinabre, hématite...), les quatre Éléments (Terre, Eau, Air, Feu), les "planètes" (Soleil, Lune, Mercure, Vénus, Mars, Jupiter, Saturne, Uranus, Neptune), les tissus, etc.
- les gestes (marcher, manger, travailler, sourire, saluer...), les rites
- les outils
- certains noms, les mots expressifs
Techniques de décodage des symboles
Méthode allégorique : on traduit terme à terme un symbole ou un groupe de symboles dans un autre langage. Par allégorie, chaque élément du symbole (texte, œuvre d'art, animal, geste...) est mis en correspondance avec les détails d'une idée qu'ils sont censés exprimer (morale, sexualité, religion, philosophie, alchimie...). Platon fait ainsi quand il interprète son allégorie de la caverne (La République, VII) : "Représente-toi donc des hommes qui vivent dans une sorte de demeure souterraine en forme de caverne... Cette image, il faut l'appliquer en assimilant au séjour dans la prison la région qui se présente à nous par l'entremise de la vue..." Chez les juifs, Philon d'Alexandrie, vers 40, s'est illustré par son exégèse allégorique de l'Ancien Testament : "S'il est vrai qu'une fête symbolise la joie spirituelle et l'action de grâces qui monte vers Dieu, ne désertons pas pour autant les assemblées qui jalonnent les saisons. S'il est vrai que la circoncision exprime la séparation d'avec le plaisir et d'avec toutes les passions, n'allons pas pour autant supprimer la loi pratique de la circoncision. Car nous négligerions aussi le service du Temple et mille autres observances, à force de nous intéresser aux seules lumières du sens profond. Non, il faut admettre que ces deux aspects de la Loi correspondent l'un au corps, l'autre à l'âme, et donc - comme il faut songer au corps parce qu'il est la maison de l'âme - il faut pareillement se soucier des lois telles sont énoncées. En les observant, on verra s'éclairer davantage les réalités dont elles sont le symbole" (De la migration d'Abraham, 92-93).
Méthode analytique : on peut décomposer le symbole en ses éléments (qualités, fonctions, phases...).
Méthode comparative : on peut confronter deux symboles (ressemblances, différences, points communs, priorités, relations, origines, fonctions), pour cerner le sens de chacun.
Méthode descriptive : on relève les caractéristiques extérieures, de façon objective. Par exemple, la tortue a quatre pattes (symbole quatre), elle présente une carapace ronde sur le dessus et plate sur le dessous (symboles haut/bas, rond/plat), une marche lente (symbole lenteur), une vie longue (symbole longévité).
Méthode emphatique : on peut saisir le sens d'un symbole en portant attention au vécu, au ressenti, à ce l'on éprouve face à lui.
Méthode éthologique (Konrad Lorenz, Irenäus Eibl-Eibesfeldt) : on observe les déclencheurs (caractères morphologiques et modes de comportements d'un individu provoquant une réponse déterminée chez un autre individu). Par exemple, de quoi le rouge est-il le symbole ? on sait que le ventre rouge d'une épinoche (un poisson) mâle est une déclencheur de l'agression chez un mâle rival ; on peut donc, avec le sens des relativités, associer le rouge comme symbolisant et l'agression comme symbolisé.
Méthode dumézilienne : Georges Dumézil rattache les symboles aux trois fonctions sociales hiérarchisées des Indo-Européens, souveraineté magique et juridique, force guerrière, fécondité ; d'autre part, il se fonde, non sur des détails, mais sur des rapports, la structure, le système des relations. Par exemple, Hérodote parle des Scythes en ces termes : « Des objets d’or, une charrue et un joug, une sagaris [hache], une coupe tombèrent sur la terre de Scythie » (IV, 5) ; pour Dumézil, la coupe est le symbole de la souveraineté, la hache le symbole de la guerre, la charrue et le joug les symboles de la production, l’une pour l’agriculture, l’autre pour l’élevage.
Méthode historique : on peut accumuler les documents, tracer des chronologies, interpréter les naissances et les évolutions.
Méthode psychanalytique, freudienne : Sigmund Freud rattache les symboles à la sexualité, au psychisme refoulé. Il a particulièrement étudié les rêves, mais aussi les contes de fées, les phobies, quelques mythes primitifs9.
Méthode de la psychologie des profondeurs, jungienne : Carl Gustav Jung les rattache à des archétypes, à un inconscient collectif, à la notion d'énergie psychique. Par exemple, Jung fait ce rêve11 : "Il y avait une porte, et je savais que si je l'ouvrais je verrais Dieu. Je l'ouvris, et que trouvai-je derrière ? Un gros tas de fumier en haut duquel était vautrée une énorme truie" ; il relie le fumier aux symboles alchimiques, à l'œuvre au noir (phase sombre de l'individuation) et il voit là la force pour asseoir son expérience "sur le terrain de la réalité".
Méthode sémiotique: Charles W. Morris distingue dans la sémiotique trois aspects, dimensions:
a) L'aspect syntaxique porte sur les relations des symboles entre eux, les règles de combinaison légitimes.
b) L'aspect sémantique porte sur les relations entre les symboles et les objets auxquels ils s'appliquent, sur la désignation.
c) L'aspect pragmatique porte sur l'utilisation et la fonction effective des symboles, sur les relations entre les symboles et leurs usagers ou interprètes : règles de l'utilisation par le sujet, motivations de l'interprète, réactions du public, efficacité de la communication, situation d'usage, usages des signes (information, évaluation, stimulation, systématisation), etc.
Morris distingue dans le signe quatre facteurs:
1) le véhicule (ce qui fait fonction de signe).
2) le designatum (ce à quoi le signe se réfère).
3) l'interprète (la personne pour qui le signe a fonction de signe).
4) l'effet (l'action du véhicule-signe sur l'interprète). Le mot "berger" (véhicule-signe) désigne le "chef spirituel" (désignatum, référent) pour un chrétien (interprète) et il génère un sentiment de protection (effet, comportement).
Méthode structurale (Vladimir Propp, Lévi-Strauss) : un structuraliste est attentif aux unités constitutives (toutes jugées pertinentes), au système, aux oppositions, aux transformations d'un code à l'autre, aux interactions entre signifiant et signifié, aux structures inconscientes de la société.
Source: Wikipedia