samedi 31 janvier 2015

Identité symbolique

Rita Saaidi, Identité symbolique, 2014.

L’identité personnelle se divise en 3 parties: réelle, imaginaire et symbolique. 
Et parce que mon blog est réservé aux symboles, je vais me concentrer sur l’identité symbolique.   

De nombreux anthropologues, à commencer par André Leroi-Gourhan, ont démontré que l’essence humaine se cristallise moins en un patrimoine biologique qu’en un patrimoine social, antérieur, extérieur et survivant à celui qui se l’approprie.

Selon cette perspective, l’essence humaine est extérieure à l’individu et est renvoyée à l’ensemble des rapports sociaux. Ainsi, l’Inconscient ne peut pas être enfermé dans les tréfonds de l’individu et de son corps. Il s’extériorise et se matérialise non seulement dans les discours des énonciateurs individuels que sont nos semblables et ceux des énonciateurs collectifs que sont les institutions mais aussi dans les outils, les monuments, les documents d’archive, les traditions, bref, dans l’ensemble des œuvres humaines qui constituent de ce fait un troisième terme, situé au-delà des individus et de leurs interactions.

Le produit des activités collectives se détache donc de ses producteurs et constitue une dimension qui se situe au-delà des individus et de leurs interactions. Cette dimension, nous la nommons symbolique et nous en faisons l’objet et le terrain essentiels de la sociologie.

Or c’est justement afin de qualifier la manière dont les individus se représentent le produit de leur association qu’Emile Durkheim se réfère au concept de symbolique et parle ainsi de la divinité comme d’une « expression symbolique de la collectivité » ou encore du totem comme d’une « représentation symbolique  » du clan.

Et si Emile Durkheim a tendance à fétichiser l’œuvre collective des individus, c’est notamment parce qu’aucun individu ni aucune classe sociale ou génération ne peuvent intégrer durant leur bref cycle de vie le patrimoine qui en résulte. Chaque être humain ne peut s’approprier durant son existence qu’une faible partie de ce patrimoine social, et ce d’autant plus que la division sociale du travail est développée.

Le symbole chez Emile Durkheim a donc avant tout une fonction métaphorique : est symbolique tout objet (un drapeau, un totem) ou toute représentation (la divinité) à partir de laquelle les individus se représentent le produit de leur association : la société, la collectivité, le clan auquel ils appartiennent ; le lien entre la société (le référent) et ce qui la symbolise (un drapeau, un totem, etc.) étant arbitraire. De plus, le symbole a aussi une fonction de lien social, la transmission de génération en génération de ces symboles permettant « l’unité spirituelle du clan à travers la durée  ». Enfin, le symbole a une fonction d’autorité sociale : les individus qui parlent au nom d’un Dieu ou d’une institution (la Justice, la Science, l’Etat) diffèrent, se détachent de leurs concitoyens comme le sacré se sépare du profane. Ils en tirent un certain pouvoir, la parole du prêtre faisant bien davantage autorité que celle du fidèle, de même que celle du professeur vis-à-vis de celle de l’étudiant.






Sources: 

2 commentaires:

  1. Oups ! Si je suis intervenue dans un certain sens, c'était pour encourager le commentaire de l'étudiante.
    Ghita, je me demandais quand tu parlerais du totem, un thème qu'on va aborder en fin d'année. Ça déborde un peu du symbole...

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  2. L’identité personnelle se di(e)vise en 3 parties: réelle, imaginaire et symbolique.
    Et parce que mon blog est réservé au+x symbole+s, je vais me concentrer sur l’identité symbolique.
    Et si Emile Durkheim a tendance à fétichiser (enlever : [6]) l’œuvre collective...
    C'est tout !
    N.

    Le symbole chez Emile Durkheim a donc avant tout une fonction métaphorique : est symbolique tout objet (un drapeau, un totem) ou toute représentation (la divinité) à partir de laquelle les individus se représentent le produit de leur association : la société, la collectivité, le clan auquel ils appartiennent ; le lien entre la société (le référent) et ce qui la symbolise (un drapeau, un totem, etc.) étant arbitraire. De plus, le symbole a aussi une fonction de lien social, la transmission de génération en génération de ces symboles permettant « l’unité spirituelle du clan à travers la durée » [i]. Enfin, le symbole a une fonction d’autorité sociale : les individus qui parlent au nom d’un Dieu ou d’une institution (la Justice, la Science, l’Etat) diffèrent, se détachent de leurs concitoyens comme le sacré se sépare du profane. Ils en tirent un certain pouvoir, la parole du prêtre faisant bien davantage autorité que celle du fidèle, de même que celle du professeur vis-à-vis de celle de l’étudiant.

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